Le pilote britannique, Sir Stirling Moss s’est éteint à l’âge de 90 ans le 12 avril dernier des suites d’une longue maladie due à un grave accident en 1962 à Goodwood (Grande-Bretagne).
“We are the champions, my friend !” Nos cousins britanniques, pionniers du rock en pleine vague yéyés, promoteurs du « fish and chips », heureux propriétaires d’une des plus belles villes du monde où Sherlock Holmes traquait inlassablement Moriarty dans les ruelles sombres sous la plume de Sir Conan Doyle, ont également le mérite d’être la nation la plus prolifique en matière de champions en Formule 1. Le dernier exemple reste d’actualité puisque Lewis Hamilton surfe sur la vague des succès après une campagne où il a écrasé ses adversaires au volant de la Mercedes W10.
Or, les histoires de la firme allemande et de Stirling Moss sont étroitement liées. Après des campagnes infructueuses en Formule 1 depuis 1950 – il a remporté le premier Grand-Prix disputé à Silverstone mais en Formule 3 – Moss approche Alfred Neubauer, le célèbre directeur de la compétition au sein de la firme à l’Etoile en 1954. Après avoir fait ses preuves à bord d’une Maserati privée et accablé par des problèmes de fiabilité, il décroche néanmoins son premier podium sur le « toboggan des Ardennes » en Belgique.
L’année suivante est fructueuse pour Stirling Moss. Neubauer a tenu parole et l’a engagé aux côtés de … Fangio. Non, jeune Padawan, tu ne rêves pas ! Il s’agit bel et bien du Maestro aregntin couronné à deux reprises. Le pilote britannique peine à tenir la dragée haute face à son comparse de garage. Il s’illustre néanmoins aux Mille Miglia où il établit un nouveau record avec la redoutable Mercedes-Benz 300 SLR. Le même modèle engagé au Mans et qui, aux mains du malheureux Pierre Levegh, provoquera le terrible accident du 11 juin 1955. Moss s’illustre toutefois en remportant son Grand-Prix national à Aintree. Mais la catastrophe mancelle a terni l’image de la firme de Stuttgart qui décide manu militari d’abandonner la compétition en fin d’année. Fangio empoche un troisième titre tandis que le funambule britannique devient dauphin pour la première fois.
En 1956, la lutte est acharnée entre le Sud-Américain et l’Anglais. Le premier a trouvé refuge chez Ferrari à bord de la Lancia D50 et le second est revenu chez Maserati. Même s’il est l’auteur de deux victoires, Moss s’incline de nouveau face à Fangio. Vous connaissez l’adage jamais deux sans… trois.
Le Britannique est de nouveau dauphin l’année suivante.
Fangio prend sa retraite au cours de la campagne de 1958 mais il n’est plus dans le coup. Alors me direz-vous, la voie est libre pour Stirling Moss ? Oui mais… c’est sans compter sur un aristocrate anglais chez Ferrari : Mike Hawthorn. Le natif de West Kensington remporte quatre courses mais s’incline pour… un point face à son compatriote plus régulier. Véritable gentleman driver, il ira jusqu’à défendre son rival au championnat sous le coup d’une disqualification suite à une manœuvre litigieuse au Portugal. Vous imaginez Hamilton venir défendre Verstappen auprès des commissaires auprès les déclarations du Batave à la suite des qualifications du Grand-Prix du Mexique l’an passé ? Autre époque, autre Moss…
Il reste chez Vanwall, Cooper puis BRM avant d’atterrir chez Lotus en 1960, toujours pour le compte de Rob Walker. C’est ainsi que la firme de Colin Chapman et de l’éternel second vont signer la première victoire de leur collaboration. Trois autres suivront. Cette première victoire a un goût particulier puisqu’elle est acquise dans les rues de la Principauté sous une pluie battante.
En 1961, Moss reste fidèle à Lotus mais subit la loi des Ferrari 156 (« Sharknose »). Il est victime d’un grave accident le 15 avril 1962 sur le circuit de Goodwood. Il souffre entre autres de lésions cervicales. Le Britannique revient sur les lieux du drame un an plus tard mais il n’est plus dans le coup. Par conséquent, le « champion sans couronne » prend sa retraite.
Stirling Moss est élevé au rang d’officier de l’Ordre de l’Empire britannique en 1990. Il devient un des ambassadeurs de Mercedes et participe à des manifestations historiques telles que le Festival de Goodwood.
Cela n’empêche pas l’un des pilotes émérites des fifties de garder un œil sur sa discipline de cœur. A l’occasion d’une rencontre avec son compatriote Lewis Hamilton où ils avaient roulé ensemble sur le vieil autodrome de Monza en 2015, il avait confié ses souvenirs de course au jeune champion.
Le doyen des vainqueurs en Grand-Prix se plaisait à dire que : « La course pour moi, est assez semblable à la peinture. La voiture est seulement l’instrument comme les couleurs pour le peintre… Je pense réellement que la conduite automobile est un art. » C’est donc un véritable artiste du volant qui s’en est allé avant-hier rejoindre ses pairs à l’instar de Jack Brabham disparu en 2014 ou du quintuple champion argentin décédé en 1995.
Pierre Meslait
Crédits photos :
Moss vainqueur à domicile en 1955 : Statsf1
Victoire de Moss à Monaco : Statsf1
Moss descendant de l’avion : Wikipedia
300 SLR : Wikipedia
Lotus Climax 1961 : Wikipedia
Stirling Moss, ambassadeur Mercedes : Wikipedia