Référence absolue du sport-auto aux États-Unis, faisons un rapide tour d’horizon sur la discipline mécanique la plus ancienne du pays.
Prohibé… réglo ?
Remise en contexte pour comprendre la genèse de ce sport. Dans les années 30, la loi américaine interdit la vente d’alcool. Qu’à cela ne tienne ! Les contrebandiers (Al Capone and co) s’amusent à trafiquer des voitures de série pour semer les forces de l’ordre. Ces mêmes fripouilles décident d’organiser des courses, les fameuses courses de “stock car”, avant de tomber sous le joug d’associations sportives légales. Et le premier champion NASCAR (National Association for Stock-Car Auto Racing) est lancé en 1949 sur la plage de Daytona (Floride).
Trois constructeurs
L’idée initiale est d’organiser des courses avec des modèles de série “boostées“. De nos jours, les modèles de compétition ne sont qu’une façade par rapport aux modèles de série. Des autocollants représentant les carrosseries des voitures de série recouvrent ces monstres d’1,5 tonne propulsés par un V8 de plus de 800 ch. Trois constructeurs sont engagés à l’heure actuelle : Chevrolet, Toyota et Ford.
Les Japonais équipent notamment la Joe Gibbs Racing. L’armada des Ford se montre véloce depuis deux ans avec la Penske Racing et la Stewart-Haas Racing qui trustent les avant-postes. Des partenariats entre écuries fournies par un même constructeur sont possibles. C’est le cas notamment pour les moteurs afin de réduire des coûts de développement gargantuesques.
Chaque constructeur équipe des écuries dont le propriétaire peut posséder plusieurs équipes. Par exemple, la Hendrick Motorsport possède 4 équipes : la 9 de Chase Elliott, la légendaire 24 pour William Byron, la mythique 48 conduite par Jimmie Johnson et la numéro 88 d’Alex Bowman. Celui qui remporte la course du dimanche soir voit ses ventes monter en flèche dès le lundi matin. Intérêt économique donc.
Le championnat
Une saison complète compte 36 courses dont les 26 premières sont disputées pendant la saison “régulière” tandis que les dix restantes composent “les playoffs” qui voit le pilote avec le plus de points titré lors de la dernière manche. Je vous passe les détails sur les différentes refontes du feu Chase depuis sa mise en place en 2004… Ces playoffs regroupent les 16 meilleurs pilotes de la saison régulière qui vont s’affronter pour le titre et comprennent 3 phases éliminatoires. Chaque phase éliminatoire = 3 courses. Vous suivez ? Donc 4 pilotes sortent de la course au titre à la fin de chaque pool. Avec ce système, il reste 4 prétendants au titre au départ de la dernière course. Le mieux classé décroche la timbale.
Alors me direz-vous, comment on se qualifie pour ces sacrosaints playoffs ? Soit en remportant au moins une victoire, soit aux points. Chaque course de NASCAR est divisée en trois segments. A la fin de chaque segment, les 10 premiers pilotes récoltent des points de playoffs. (10 points pour le 1er jusqu’à 1 point pour le 10ème). A l’arrivée, le vainqueur remporte 40 points, son second 35 points, puis s’applique un système dégressif jusqu’au 35ème (2 points). Les 5 derniers qui franchissent la ligne ne grappillent qu’un point. Ainsi, un pilote qui remporte la course ainsi que les deux premiers segments peut totaliser jusqu’à 60 points.
The show must go on
Après l’aspect règlementaire et sportif, passons au côté spectaculaire. Pour les néophytes, la NASCAR se résume à 40 types frappadingues qui tournent en rond sur des ovales à plus de 350 km/h pendant 3h jusqu’à ce qu’un allumé dans le paquet craque un plomb et provoque un crash avec un défilé de tôles froissées ! Afin de lutter contre quelques stéréotypes bien-pensants, précisons qu’il existe 4 types de circuits durant la saison :
- les superspeedways : Daytona et Talladega. Les courses se font en paquet les Big One y sont monnaie courante.
- les ovales d’1.5 mile : ce sont les pistes majoritaires : Texas, Las Vegas, New Hampshire, Atlanta, Homestaed-Miami…
- les short-tracks : Martinsville, Bristol et Richmond. Les tours se font en moins de 30s ! C’est à celui qui pliera le moins sa carrosserie et saura éviter les ennuis…
- les routiers : Sonoma et Watkins Glen (et oui, on y court toujours !). Depuis 2018, le Roval de Charlotte, tracé hybride qui emprunte une partie de l’ovale et le circuit routier.
Trois divisions existent : La Truck-Series (courses avec des pick-up), la Xfinity Series et la Cup Series (voitures de série). Les pilotes de Cup ont la possibilité de disputer les courses des disciplines inférieures et certains sont même propriétaires d’écurie. Ainsi, Kyle Busch – dernier champion de la Cup en date – possède son team en Truck Series et il dispute régulièrement des courses en Xfinity. Pendant un week-end, les courses de ces divisions ont donc lieu sur le même circuit (ou pas !), afin d’offrir un véritable show aux spectateurs agglutinés dans les tribunes. Ces catégories inférieures ont pour ambition de promouvoir les futures stars de demain.
On veut des légendes
Pour être aussi populaire et médiatisée, la discipline reine a su forger de véritables légendes. Richard Petty (200 victoires en Cup !), Dale Earnhardt et Jimmie Johnson, tous trois septuples champions mais également Kyle Busch, Jeff Gordon, Tony Stewart ou encore Joey Logano. Fonder des courses mythiques à l’instar du Daytona 500 qui ouvre traditionnellement chaque saison, le Coca Cola 600 à Charlotte – la course la plus longue de la saison – ou encore le Brickyard 400 qui se dispute sur l’ovale “carré” d’Indianapolis. De temps à autre, Il arrive que le Président soit présent lors d’une course comme Donald Trump qui a donné en personne le départ du dernier Daytona 500.
Days of Thunder
Une course de NASCAR traditionnelle démarre le dimanche en début d’après-midi (aux Etats-Unis). Après les qualifications qui se déroulent le samedi, il y a la parade des pilotes avant la course. Ces derniers sont applaudis ou hués en fonction de leur côte de popularité auprès des fans affublés de T-Shirt à l’effigie de leur idole. On peut serrer la main de ces héros casqués, recevoir une casquette signée ou demander un autographe. Bien entendu, le merchandising pullule dans le paddock en matière de produits dérivés : vêtements, muggs, porte-clés et autres. Après l’interprétation de l’hymne national, les F16 survolent le circuit en grondant et puis retentit le tonitruant “Drivers, start your engine !” suivi du concerto des 40 moteurs qui hurlent à l’unisson.
La course démarre sous régime de pace car pendant quelques tours avant de lâcher la meute. Il n’est pas rare que la course soit interrompue et que les drapeaux jaunes pour des raisons multiples soient brandis. Le drapeau jaune permet aux pilotes de ravitailler. Un arrêt est effectué en moins de 15s en moyenne. 7 mécaniciens s’affairent pour changer 4 pneus, ajuster la track bar – située sous la voiture et qui permet de modifier l’essieu arrière par rapport à l’axe central en affectant la répartition des masses ainsi que les réglages de la direction – et refaire le plein.
Chaque pilote possède un emplacement spécifique dans la voie des stands et les sanctions sont sévères en cas d’infraction. A la fin de la neutralisation, les pilotes repartent côte à côte en formant deux lignes. Lorsque le vainqueur franchit la ligne d’arrivée, celui-ci effectue un burn avant de rejoindre la victory lane où il fête généreusement son triomphe avec ses mécanos tandis qu’il commente sa course en remerciant ses sponsors.
Spectacle assuré
A contrario de la Formule 1, la NASCAR a la capacité de se réinventer pour satisfaire les fans tout en garantissant la sécurité des pilotes. Les crashs font partie intégrante de ce sport mais avec la présence de Tecpro et d’aérofreins sur le capot et le toit de chaque voiture, il y a plus souvent de tôles pliées que des pilotes sortant les pieds devant.
Ce championnat national fait la part belle aux Etats du Sud – son berceau originel – tout en réussissant à se diversifier dans les pays frontaliers . On trouve des championnats régionaux et nationaux au Canada, au Mexique et dans plusieurs pays Amérique du Sud). Depuis peu, la NASCAR a su s’implanter en Europe avec la création de la NASCAR Whelen Euro Series, qui s’est produite à Tours (France), il y a quelques années. Il n’est pas rare non plus d’assister à des arrivées serrées, voire même de voir des pilotes éjectés par un autre sans le moindre remord dans le dernier tour pour récolter une victoire qui peut valoir son pesant d’or.
Pierre Meslait
Crédits photos
NASCAR Talladega : nascar.com
Daytona Beach : pinterest
Team Penske : speed sport
Chase 2018 : accelerationnation.com
Kyle Busch Pocono 2019 : TVA Sports
Roval Charlotte : WFAE
Truck Series : Racing News
Johnson 7ème titre en 2016 : GM Media
Elliot victoire Watkins Glen : The Journal Gazette