Derrière Mercedes et Red-Bull, trois écuries du “mid-field” se livrent une véritable guerre à couteaux tirés.
Une petite histoire. Louis le Pieux, fils de Charlemagne, avait trois fils – Charles le Chauve, Louis le Germanique et Lothaire – qui ont dû se partager son vaste empire à sa mort. Vous savez comment ça s’est fini ? Louis et Charles se sont unis pour enclaver le pauvre Lothaire et grignoter son lopin de terre morceau par morceau.
On peut trouver des similitudes entre l’histoire de France et celle qui s’écrit actuellement en Formule 1. Mercedes règne sans partage depuis 2014 et le début de l’ère hybride. Cette saison exceptionnelle ne fait malheureusement pas exception aux précédentes. Hamilton laisse quelques victoires éparses tantôt à son coéquipier Valterri Bottas (version 3.0 s’il vous plaît !) ou à Max Verstappen. Il faut aller au-delà de ces véritables sociétaires des podiums, pour trouver de quoi se mettre sous la dent.
Une place pour trois
Fan assidu depuis 1996, la sieste dominicale n’a plus de secret pour moi… Mais elle devient un peu trop persistante à mon goût ces dernières années. La hiérarchie à l’avant du peloton demeurant inchangé, on s’intéresse naturellement à ce qu’il se passe juste derrière. Et le spectacle est à la hauteur de nos attentes ! Trois équipes se disputent les miettes du gâteau et peuvent prétendre à l’occasion à la dernière marche du podium.
Racing Point BWT Mercedes – 126 points
La descendante de l’écurie Jordan, après moult rachats et changements de noms (Midland et Force India), a lié depuis plusieurs années un solide partenariat avec Mercedes. Consensus dépassant probablement la simple fourniture de moteurs. Au point que l’actuelle RP20 ressemble à s’y méprendre à la Mercedes W10 de l’an passé. S’en est suivi un véritable feuilleton judiciaire cet été autour des écopes de freins, suites aux plaintes répétées de plusieurs adversaires. Plaintes retirées depuis… Amputé de 15 points acquis lors des deux premières courses, l’écurie de Lawrence Stroll attend désormais le verdict final. Côté performances, le comportement de la “Mercedes rose” varie d’une piste à une autre.
Actuellement troisième d’une courte tête devant McLaren et Renault, la fin de saison s’annonce palpitante… De surcroît, l’écurie change de nom l’année prochaine. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Sergio Perez cédera son baquet à Sebastian Vettel. Présent depuis 2014, le Mexicain demeure maître dans l’art de la conservation des pneus et une pointure pour régler une voiture. Le quadruple champion du monde allemand (remotivé, on l’espère) sera aux côté de Lance Stroll, fils du big boss de la future écurie Aston Martin.
Renault – 124 points
Depuis son retour officiel en 2016, le Losange ne brille guère par ses performances. Le travail de restructuration commence toutefois à porter ses fruits. Tout d’abord, le recrutement du transfuge Red-Bull – Daniel Ricciardo – comme pilote leader en 2019. Puis, de l’ingénieur Marcin Budkowski, qui officiait à la direction technique de la FIA. Et pour finir, l’expérience d’Alain Prost comme directeur non-exécutif du Renault F1 Team. Autant d’atouts non-négligeables. Reste à concevoir un châssis décent, ce qu’Enstone semble avoir réussi avec la RS20.
Les “ptits gars” de Viry-Châtillon (Essonne) ont vu leurs efforts récompensés par un premier podium décroché par l’Australien Ricciardo au Grand-Prix de l’Eifel (Allemagne). A l’inverse, l’avenir de son équipier semble menacé. Même si le contrat d’Esteban Ocon court jusqu’en 2021, des performances en dents de scie et un caractère encore un peu tendre pourraient sceller son sort s’il ne hausse pas rapidement son niveau de jeu. Renault a en effet recruter le vétéran Fernando Alonso pour épauler le Français la saison prochaine. L’élève parviendra-t-il à dépasser le “Taureau des Asturies” ? Nous n’en sommes pas encore là. Il reste la troisième place des constructeurs à décrocher au nez et à la barbe de l’écurie contrôlée par Lawrence Stroll.
McLaren- Renault – 120 points
L’écurie basée à Woking a vécu une longue période pénible. Il a fallu attendre le Grand Prix du Brésil 2019 pour revoir un pilote McLaren sur le podium. Une troisième place décrochée par Carlos Sainz Jr. Pour rappel, Lewis Hamilton (Mercedes) avait écopé d’une pénalité pour avoir accroché Alex Albon (Red-Bull). Retour du team britannique sur le podium depuis… l’Australie 2014. Interlagos qui demeure à ce jour la piste de la dernière victoire McLaren… en 2012 par Jenson Button.
On pensait que l’évincement de Ron Dennis signait l’arrêt de mort des ex-“Flèches d’argent”. L’arrivée de Zak Brown en tant que boss avait de quoi faire sourire… Et pourtant, le Britannique a eu le nez fin. Il a recruté Andreas Seidl comme directeur technique, le jeune Lando Norris et le persévérant Carlos Sainz Jr. Pari gagnant pour l’instant. 2020 a démarré sous les meilleurs auspices avec le podium du jeune Norris en Autriche. Mais depuis, les performances stagnent.
L’arrivée de Ricciardo et de Mercedes, le départ de Sainz Jr et de Renault, beaucoup de chamboulements pour 2021. Les machines orange papaye sont toujours dans la course pour grimper sur la dernière marche du podium des constructeurs. Néanmoins, les hommes sous les ordres de Brown vont devoir redoubler d’efforts. Le récent GP du Portugal nous donne une première réponse. Un premier tour de folie de Sainz Jr sur une piste détrempée, digne de celui de Senna à Donington (1993). Faut-il y voir un signe ? Son avenir (en rouge) nous le dira.
Pierre Meslait
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Racing Point et Renault : Motorsport.Nextgen.auto.com McLaren et Sainz : Motorsport.Nextgen.auto.com Ricciardo et Ocon : Motorsport.Nextegn.auto.com Lance Stroll Racing Point : Motorsport.Nextgen.auto.com