Mick Schumacher vient de remporter le titre en F2, et évoluera donc en F1 l’année prochaine. Mais je ne suis pas impressionné.
Mick Schumacher est – je vais vous apprendre quelque chose – le fils de son illustre père, Michael Schumacher. De fait, l’engouement qu’il génère alors qu’il n’a encore participé à aucun GP de F1 est phénoménal. Pourtant, entre mauvaises qualifications, coups de chance, et contre-performances répétées de ses opposants, je trouve peu de raisons de l’encenser.
Pire que ça, je crois même que son nom l’aide à se frayer un chemin vers la F1. En effet, alors même que le titre F2 n’était pas joué, Schumacher était annoncé officiellement pour la saison 2021, alors que son opposant pour le titre et lui aussi junior Ferrari, Callum Ilott, passait à la trappe. Si cette décision avait été prise à la fin de la saison, je n’aurais rien trouvé à redire. Mais à ce moment là, cela sonnait comme un désaveu cruel pour Ilott : Tu peux être aussi bon que Schumacher, tu ne t’appelles pas Schumacher.
“C’est maintenant que Mick Schumacher va devoir montrer quel pilote il est”.
Dix secondes plus tard, Mick tasse inutilement un pilote moins rapide et entraine un gros crash. Ai-je besoin d’en dire plus ?
Mais alors, me suis-je dit, mon désamour pour Michael doit penser à ma place. Si Ferrari le place chez Haas alors même qu’il n’a pas encore remporté le titre face à un autre jeune pilote Ferrari, et si tout le monde s’enthousiasme de son arrivée en F1, et si même Aurélien l’envoyait en F1 au début de cette année, c’est que ses résultats doivent être très bons, malgré mon ressenti. Si seulement j’avais un moyen objectif de trancher…
Alors j’ai réfléchi un peu (oui, ça m’arrive), et pour évaluer les résultats de Schumacher en F2, il faudrait pouvoir le comparer aux autres pilotes ayant couru dans ce championnat. Comment faire lorsque le barème et le nombre de courses n’ont pas toujours été identiques ? En rationalisant bien sûr ! J’ai calculé pour chaque saison (depuis la création du GP2 en 2005), le nombre de points attribuables au maximum dans l’année. Ensuite, j’ai regardé quel pourcentage de ce total les cinq premiers de chaque saison avaient marqué (en prenant en compte les courses annulées, manquées par les pilotes, ou tronquées et n’attribuant que moitié des points, etc…).
Et voici donc les résultats…
Alors qu’apprenons nous ? Effectivement Schumacher n’a pas réalisé une saison impressionnante. D’ailleurs, sa deuxième saison n’a été que la 28e meilleure de l’Histoire du championnat de F2/GP2. C’est même le champion qui a marqué le moins de points par rapport au total maximum ! Pire encore, Schumacher fait moins bien que Sette Camara en 2019, qui pourtant avait terminé 4e !
Autre statistique parlante, 9 pilotes ont fait mieux que Schumacher, et ce dès leur première saison : Hamilton, Leclerc, Rosberg, Hulkenberg, Russell, Kovalainen, Vandoorne, Giovinazzi et Norris. Notons par ailleurs que cinq d’entre eux ont été champions : Rosberg, Hamilton, Hulkenberg, Leclerc et Russell. Autrement dit de la graine de champion.
Enfin, si Schumacher est le pire champion qu’a connu la F2/GP2, Latifi est le meilleur cinquième de l’Histoire. De là à dire que Schumacher est moins bon que Latifi, il n’y a qu’un pas que je franchirai allègrement. Bon, OK, j’avoue que je fais preuve de mauvaise foi sur ce dernier argument.
Il n’en reste pas moins que Schumacher n’a pas été impressionnant pour un sou, et les chiffres le montrent. Je reste donc campé sur mes positions : Sans son nom, Schumacher n’aurait probablement pas accédé à la F1 avant même d’avoir assuré son titre en F2. Cependant, le titre F2 en poche, il est tout à fait logique qu’il rejoigne l’élite. Ceci dit, je continue de penser qu’il ne sera guère convaincant en F1.
Louis Mattlin
Crédits photos : Page Facebook de Mick Schumacher