À deux mois de la quatre-vingt-huitième édition des 24h du Mans, il est l’heure de se projeter sur 2021 et la nouvelle réglementation Le Mans Hypercar. Alors, qui sera présent pour concurrencer Toyota ?
Présentée comme la catégorie du futur lors de son introduction, le Le Mans Hypercar a déjà du plomb dans l’aile à peine plus de 2 ans après sa présentation. Entre le rapprochement avec les Daytona Prototype, une réglementation stricte pour les petits constructeurs et la crise mondiale, il est désormais difficile de savoir qui sera réellement sur la ligne de départ. Aussi, si avant le décalage forcé des 24h du Mans pour cause de COVID-19, il était prévu de présenter les nouvelles hypercars durant le week-end de la classique mancelle, nous n’avons à l’heure actuelle aucune confirmation d’une présentation des différentes voitures pour le mois de septembre. Rassurez-vous, Multi21 fait le bilan.
Toyota sera là
Commençons par la bonne nouvelle : Toyota. Le constructeur nippon, présent en WEC depuis 2012, sera bien présent dès la saison 2021, avec deux autos qui sont à l’heure actuelle en essais. La voiture, qui sera dans la continuité du GR Super Sport Concept, est la plus avancée et permettra sans doute à Toyota d’asseoir sa domination. Tout va donc pour le mieux pour les Japonais mais ce n’est pas le cas de tout le monde.
Les grands constructeurs dans le flou
Au moment de la présentation du concept en 2018, un autre constructeur semblait tout trouvé : Aston Martin. La Valkyrie, présentée en 2017 et en phase de test pour une production prévue en 2020, paraissait être un modèle idéal. Cette idée fut rapidement confirmée par Aston, et les premières images de version circuit AMR Pro préfiguraient déjà la version de compétition. Sauf que depuis, Lawrence Stroll a repris la marque britannique qui se concentre désormais sur le GT et la F1, laissant de côté l’hypercar.
Le troisième constructeur intéressé par la réglementation est Peugeot. Attention toutefois, la marque au Lion n’est pas attendue en WEC avant 2022 normalement. Mais vous l’aurez compris, tout ce qui touche à l’hypercar ne se passe pas comme prévu. L’expérimentée équipe suisse Rebellion, qui devait aider Peugeot à développer sa voiture, se retire de la compétition fin 2020. Depuis, le constructeur français reste évasif quant à sa date de retour en Endurance et a même admis regarder la réglementation concurrente, le LMDh.
Les privés pour sauver la catégorie
Alors qui pour affronter Toyota ? L’hypothèse la plus probable se nomme SCG. De son nom complet Scuderia Cameron Glickenhaus, la société de James Glickenhaus est une habituée de l’endurance mais en GT. Depuis 2015, SCG engage sa 003C au Nürburgring et à Dubaï, deux autres courses avec deux tours complets d’horloge. Et ce sont eux les plus avancés aujourd’hui, leur châssis ayant été terminé avant celui de Toyota. Mais l’incertitude concerne leur moteur. Un temps mis en lien avec Alfa Romeo, SCG a finalement choisi Pipo Moteur, spécialiste réputé dans le monde du sport auto mais pour ses réalisations en rallye et en rallycross. Aussi le doute est permis pour assembler un moteur devant tenir 24h à plein régime.
Enfin, et parce que Le Mans reste Le Mans, il faut toujours un projet ubuesque à chaque nouvelle catégorie. Et comme souvent, c’est le docteur Colin Kolles qui est derrière. Son team ByKolles a participé à de multiples reprises aux 24 heures du Mans en LMP1 mais aucun des deux derniers prototypes engagés par le team depuis 2013 (la T128 puis la CLM P1/01) n’a vu l’arrivée de cette épreuve. Aussi, ce projet hypercar basé sur la CLM P1/01 peut faire peur tant la base parait bancale. Coté moteur, après s’être fâché avec AER et Nissan qui fournissaient des moteurs performants mais peu fiables, le team autrichien a opté pour la sécurité avec Gibson. Attendons donc de voir où en sera le projet dans 6 mois, lorsque la saison débutera.
À moins d’un an des 24h du Mans 2021, rien n’est garanti pour la catégorie LMH. SCG et ByKolles ont connu des retards, le projet Aston semble avorté et Toyota parait bien seul en attendant la remise en selle de Peugeot en 2022 dans la discipline. Il faudra donc que l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) vienne en aide aux constructeurs disposant de ressources logistiques et financières faibles pour ne pas voir sa réglementation sombrer au profit du LMDh au bout d’une seule saison.
Clément Chatellier
Crédits photos
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