Ce n’est pas quelque chose qui a fait grand bruit dans le monde du sport automobile. Il y a quelques mois, une phrase prononcée par Matt Bishop, à la tête de la communication du W Series, reste profondément inquiétante. Serait-ce le Verstappen le moins rapide que nous voyons évoluer en Formule 1 aujourd’hui ?
Pas besoin d’être un expert dans le domaine pour constater l’omniprésence masculine dans le monde de la course. Des décennies que ça dure. Pourtant, quelques femmes ont connu le succès sur la piste (et également en dehors), et ce même lorsque les automobiles en étaient à leurs balbutiements.
Selon certains, cela n’est pas suffisant. Né dans la polémique, le W Series semble plutôt faire l’effet inverse de son idée première : permettre aux femmes de progresser dans l’échelon du sport auto. À son lancement, ce championnat de monoplaces réservé aux femmes a été vivement critiqué par de nombreuses pilotes, celui-ci avouant à demi-mot que la course ne pouvait pas être mixte.
Mais le W Series a une utilité. Comme l’a expliqué Matt Bishop, de nombreuses pilotes en devenir finissent par atteindre une “barrière invisible” stoppant net leur ascension.
“Nous avons créé et pensé le W Series pour qu’il corresponde au moment où les jeunes filles de 15 et 16 ans atteignent une barrière invisible, la même qui a poussé Jos Verstappen à dire “désolé Victoria [sa fille], je ne peux pas vous soutenir tous les deux, je choisis Max [son fils]”.”
Matt Bishop, responsable de la communication du W Series
Qu’est-ce qui a empêché Victoria Verstappen, la sœur de Max, aujourd’hui multiple vainqueur de Grand Prix, d’être une pilote à succès ? La réponse de Bishop se passe de commentaire…
“[Jos Verstappen] était certain que Max finirait par gagner 10 ou 15 millions de dollars par an, ce qui est le cas aujourd’hui, et que Victoria ne serait pas en mesure de le faire.”
Matt Bishop
Et il est là, le drame. Que le talent de pilote de Victoria soit totalement éclipsé car, de toute manière, une femme n’aurait jamais été en mesure de se faire 10 millions par an… Il faut que cela cesse.
Pourquoi ne voit-on pas de femmes en Formule 1 ? L’argument physique et physiologique peut tenir la route. Même si les pilotes de F1 d’aujourd’hui ont l’air frais comme des gardons après deux heures de course, en coulisses il y a des heures, des jours, des semaines d’entraînements intensifs qui font d’eux des athlètes capables de maîtriser un bolide de plus de mille chevaux.
Mais dans les autres disciplines alors, avec des voitures moins puissantes ? Qu’est-ce qui peut justifier cette absence féminine ? Michèle Mouton, Danica Patrick, Cathy Muller ou encore Jutta Kleinschmidt ont prouvé que le succès en sport automobile n’était pas qu’une question d’hormones. Le talent prime sur tout.
La talent, le talent… Aujourd’hui, on ne le lui donne pas une place primordiale à ce talent. Et c’est bien dommage car nous, spectateurs et amateurs de F1, nous restons avec une énorme interrogation qui ne sera jamais résolue : Victoria aurait-elle pu faire mieux que son frère en bénéficiant du même soutien ?
Aurélien Attard